Cohabiter avec un.e partenaire qui consomme de l'alcool en excès peut être très difficile et émotionnellement douloureux. Il est possible que vous observiez depuis longtemps déjà des signaux indiquant que votre partenaire a un problème avec l'alcool, mais il est également possible que vous n'ayez rien remarqué, ou que vous pensiez exagérer…
En savoir plus sur les signaux d'une consommation problématique par des partenaires
Toute relation de couple est différente et il nous est donc évidemment impossible d'aborder ici tous les problèmes et effets possibles. Néanmoins, nous vous livrons ci-après quelques indications que vous pouvez prendre en considération :
La culpabilité et la responsabilité
Vous demander continuellement si ce n'est pas votre faute si votre partenaire boit. Certains buveurs osent parfois l'affirmer, lors de disputes ou en-dehors. Dans votre relation, et en dehors de l'alcool, il y a sans doute déjà eu des tensions et des conflits, où chacun de vous deux a aussi eu sa part de responsabilité. Cependant, ce n'est pas votre faute si votre partenaire boit. Boire, il.elle le fait seul.e, et ce n'est pas de votre faute.
Vous interroger sur la part de responsabilité que vous avez dans ce qui maintient la consommation de votre partenaire, pour que vous puissiez identifier les facteurs sur lesquels vous avez la possibilité de prendre prise. Vous pouvez, par exemple, vous interroger sur certains de vos comportements qui entretiennent la consommation dans la maison :
Dans la gestion des conflits, également :
Vouloir sauver le partenaire
Ne présumez pas que vous êtes capable de résoudre le problème d'alcool de votre partenaire. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, vous ne pourrez pas le.la «sauver». C'est-à-dire que vous ne pouvez pas l'amener à arrêter sa consommation excessive d'alcool, malgré lui ou elle. Il n'y a qu'une seule personne qui soit en mesure de le faire : c'est votre partenaire et lui.elle seul.e.
Exprimer votre inquiétude quant à sa consommation, et ses conséquences, en parlant de vous et de ce que ça génère en vous. Lui dire que vous ne pourrez pas le.la faire arrêter, mais que s'il ou elle s'engage dans cette démarche, que vous pouvez le.la soutenir dans ses efforts vers une reprise de contrôle, voire une abstinence. Vous offrir comme soutien "logistique" (par ex., lui proposer de prendre un rendez-vous pour lui auprès d'un alcoologue), toujours avec son accord explicite,…
S'adapter aux comportements de consommation du.de la partenaire
N'essayez pas de résoudre tous les problèmes découlant de la consommation de votre partenaire. Vous l'avez peut-être fait quelques fois, au départ de bonnes intentions, ou parce que vous vouliez vous montrer «solidaire» de votre partenaire. Une troisième possibilité est que vous aviez honte et que vous essayiez de cacher le problème aux autres.
Le fait de continuer à agir ainsi de manière systématique n'aide pas le buveur à reconsidérer sa consommation. En effet, ce dernier ne se rend alors que relativement peu compte des inconvénients liés à sa consommation. Or, ce n'est qu'après avoir pesé le pour et le contre qu'interviendra la décision de changer de comportement. Si vous éliminez la plupart des inconvénients, cela ne peut pas faire naître une motivation pour changer ses habitudes de consommation.
Veiller à votre propre sécurité est fondamental : cette sécurité peut être physique, mais également mentale :
et sociale :
Au contraire de vous adapter, il est recommandé d'identifier les limites dont vous avez besoin, et vous entrainer à les exprimer de façon claire et assertive. Dans ce cas, il n'est pas utile de parler de la consommation de l'autre, mais bien de montrer les conséquences que "son" alcool peut avoir sur votre vie. Dans le même ordre d'idée, vous ne devez pas accepter la violence, si votre partenaire montre des comportements de cet ordre, à votre égard ou dans votre environnement.
2. Que faire s'il y a des enfants ?
Si vous avez encore des enfants, ils sentiront sans aucun doute, tôt ou tard, que quelque chose ne va pas. Ils peuvent aussi se retrouver directement confrontés aux aspects les moins reluisants de la consommation d'alcool de votre partenaire.
Essayez, dans tous les cas, de leur expliquer ce qui se passe. Le mieux est de le faire dans un moment où vous êtes assez calme vous-même. Essayez de parler de façon adaptée à leur âge, pour qu'ils puissent "donner du sens" sur ce qu'ils vont invariablement observer. Par contre, ne leur demandez pas de tenir un rôle, ou de prendre parti, dans les problèmes relationnels que vous rencontrez avec votre partenaire. Il vaut mieux résoudre ces problèmes avec votre partenaire ou avec un autre adulte de confiance (proche ou professionnel).
Tous les enfants peuvent réagir différemment. Certains ont l'illusion de pouvoir résoudre les problèmes d'alcool de leurs parents s'ils font "de leur mieux". Certains se fâchent, commencent à se renfermer et se rebellent. Si vous observez ce genre de comportement chez votre enfant, c'est que celui.celle-ci nécessite plus d'attention et d'autorité de votre part. D'autres encore «feront comme si de rien n'était» ou essaieront de détourner l'attention. Faites clairement comprendre aux enfants qu'ils ne sont pas responsables et qu'ils ne peuvent rien faire pour les problèmes d'alcool de votre partenaire. Essayez d'écouter ce qu'ils ressentent par rapport à l'ensemble de la situation et quelles sont les solutions qu'ils trouvent pour prendre soin d'eux-mêmes. S'ils se rebellent, voir se montrent violents, vous devrez également leur fixer des limites.
Les enfants ne rencontrent pas automatiquement les mêmes problèmes que leurs parents en grandissant. Avoir un parent alcoolique ne signifie pas automatiquement qu'ils auront eux-mêmes des problèmes d'alcool. Ils peuvent y être plus sensibles parce qu'ils ont vu que l'alcool peut être consommé pour composer avec des problèmes. Mais, d'un autre côté, ils peuvent se rendre compte que cela ne résout jamais les problèmes et qu'au contraire cela les aggrave.
3. Quand les choses vont trop loin
Lorsque les tensions sont vives entre vous et votre partenaire, ou lorsque les problèmes d'alcool traînent en longueur, cela peut être destructeur pour vous-même :
Ces sentiments sont généralement un signe que vous avez dépassé votre limite.
Vous pouvez commencer à penser à rompre la relation avec votre partenaire, voire à divorcer. Si vous deviez prendre cette décision, vous seriez dans votre bon droit. Mais vous seul.e pouvez prendre cette décision. Même si vous avez un certain nombre de personnes de confiance dans votre entourage immédiat, il peut toujours être intéressant de parler avec une personne extérieure (travailleur social, psychologue,...), et de prendre conseil auprès d'un avocat si vous êtes engagé.e devant la loi.
Si les choses devaient gravement dégénérer avec votre partenaire, vous pourriez envisager une «admission forcée». Cependant, vous devez savoir que cela peut être une procédure lourde. Les avantages d'un tel traitement forcé ne sont pas toujours aussi importants qu'il pourrait paraître à première vue. Mais, parfois, on n'a pas non plus d'autre choix.
4. Où pouvez-vous trouver de l'aide ?