Expériences avec l’alcool...

Vous trouverez ci-dessous plusieurs témoignages relatant l’apparition de problèmes liés à l’alcoolisme. Comme vous pourrez le constater, les facteurs causant le développement de problèmes liés à la consommation problématique d’alcool peuvent être très différents, de même que le mode de consommation. De nouveaux «témoignages» seront ajoutés prochainement.
Les noms et les âges ont été modifiés pour des raisons de protection de la vie privée.

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Alexandre (51 ans)

J'ai depuis longtemps envie de "raconter" mon histoire.
J'ai connu des soucis de couple et je me suis mis à boire, petit à petit, toujours en cachette.

Je me mentais et je mentais aux autres, j'essayais de relativiser ou de diminuer l'influence que l'alcool avait pris dans ma vie. Je n'étais plus maître de mon existence, entièrement rythmée par l'alcool. J'ai été hospitalisé deux fois en psychiatrie pour des cures et lors de la dernière, le psychologue rencontré a trouvé les mots justes. Quelques semaines plus tard JE prenais la décision de stopper. Cela fera bientôt quatre ans que je n'ai pas touché une seule goutte d'alcool, je vis bien, je vis mieux, je REVIS. J'ai trouvé l'amour, je me suis marié, mes enfants sont heureux et fiers. Je voudrais juste dire à celles et ceux qui sont dans la dépendance d'y croire et de ne pas baisser les bras. Vous êtes les seuls habilités à décider !

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Joseph (44 ans)

Au début

Depuis que j’ai 18 ans, j’ai pris l’habitude de boire un verre, il m’est arrivé d’être ivre de temps à autre pendant mes études, mais cela n’allait pas au-delà. Je suis heureux en mariage et je suis le père de 2 filles extraordinaires. Je travaille comme employé dans une entreprise de taille moyenne. C’est là que tout a commencé, pendant mes pauses de midi. 1 verre pendant le repas, encore 1 après, puis un apéritif avant l’heure. Ensuite, nous nous retrouvions régulièrement avec des collègues après le travail «pour clôturer la journée». Je ne suis jamais revenu ivre à la maison donc ce manège est passé inaperçu pendant un moment. Puis j’ai réalisé que j’appréciais aussi un petit verre après le souper. Mon épouse m’accompagnait parfois, c’était donc très agréable. Rajoutons à cela quelques bières le soir devant la TV pour «pouvoir se détendre davantage». Tout ceci s’est installé très progressivement mais, à la longue, je pouvais boire 10 à 15 verres par jour, sans être ivre !

Je ne suis pas un alcoolique !

Pour être honnête, après quelques années à ce rythme, la «convivialité» n’était plus au rendez-vous. Je m’exprimais encore en ces termes et je me racontais des histoires, mais je «devais» boire. Si la pause de midi ou du soir ne se déroulait pas comme prévu, je devenais irascible et tendu. A la fin, ça a commencé à la maison aussi. Mes proches ne devaient surtout pas trop me contrarier, car je devais pouvoir «me détendre». Lorsque, pour la première fois, mon épouse risqua prudemment une remarque sur ma consommation d’alcool, j’ai carrément explosé. Comment osait-elle penser que j’avais un problème, je n’étais pas «alcoolique», etc.

«Un peu peur»

J’ai commencé à comprendre la gravité de la situation lorsque je fus admis dans une clinique pour une petite intervention. Mon mode de consommation permanent fut interrompu et je me sentis complètement crispé. Mon médecin me fit comprendre que mes vaisseaux sanguins n’avaient plus une taille normale à cause de l’alcool. Et lorsque mon épouse osa me révéler que mes filles avaient parfois «un peu peur» de moi lorsque j’avais (trop) bu, je perdis complètement les pédales. J’ai alors perdu le contrôle. Il m’a fallu plusieurs mois (et cela arrive encore parfois), mais je parviens à ne plus boire du tout pendant la semaine. Ce n’est que pendant le week-end que je m’octroie 2 ou 3 verres maximum sur la journée. Je peux à nouveau en profiter. Et profiter d’un tas d’autres choses.

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Marie (49 ans)

Le mois dernier, nous avons fêté avec une grande fierté notre première année d’abstinence.

Jusqu’en mars 2013, mon mari et moi étions tombé dans le piège de ce que nous appelions « l’alcool-détente » depuis une dizaine d’année. Mais ce que nous pensions être une récompense de fin de journée s’est vite transformé en rite diabolique incontournable. Là où une ou deux doses d’alcool nous suffisaient pour être « bien » il y a 10 ans, il nous fallait consommer de plus en plus d’alcool fort.

Pour ma part, je buvais en cachette, en fin de journée et jusqu’au coucher. Nous redoutions d’être rappelés le soir pour notre travail… on nous aurait vus en état d’ébriété.

Bien sûr, chaque jour, je me disais que je devais arrêter et chaque soir, je recommençais. J’ai fumé pendant 17 ans (jusqu’à 3 paquets de cigarettes) et j’ai arrêté d’un coup en 2000, sans aide. J’espérais réussir aussi à arrêter de boire. Mais je n’arrivais pas à me projeter dans un futur sans alcool. J’avais, au prix d’un effort et d’une honte indescriptibles, réussi à en parler à mon médecin. Il m’a prescrit un médicament (inefficace sur moi) contre l’alcoolisme et a surtout minimisé mon problème, je ne buvais pas tant que ça… J’ai aussi tenté de me former à l’autohypnose avec l’aide d’un psychiatre. Mais rien n’y faisait. La tentation quotidienne était trop forte.

Un cancer en 2010 m’a certes fait arrêter, mais dès que je me suis sentie mieux, j’ai repris l’alcool de plus belle.

J’avais honte, j’étais devenue grasse, moche, fatiguée de mal dormir, avec les joues rouges, une haleine que je savais douteuse. J’avais honte de cacher des bouteilles.

Puis j'ai cherché de l'aide...

Un jour de mars 2013, j’ai décidé de me faire aider par un professionnel. Je ne voulais pas participer à un groupe d’aide, je voulais une aide personnalisée, avec un psychologue. J’ai recherché aide alcool sur internet et j’avais tapé les bons mots. Un accompagnement en ligne avec www.aide-alcool.be‎, c’était ce qui me fallait. Pour mon premier rendez-vous de « chat » avec la psychologue, j’étais très nerveuse. J’ai commencé à raconter mon histoire, ma honte, mes craintes d’échec, mon envie de m’en sortir. La première semaine a été difficile, je n’ai pas réduit ma consommation. Puis, ensemble, nous avons pris le temps d'analyser mes situations à risques, les moments qui me posaient problème. J’ai pris conscience de mes pensées automatiques pour les contourner ("je DOIS boire pour me détendre", "je DOIS boire quand je m'ennuie", "je DOIS boire pour passer un bon moment avec des amis", "un petit verre ne peut pas faire de mal", "maintenant, j'ai bien mérité un petit remontant"). J’ai listé les avantages et inconvénients de consommer ou d’arrêter de consommer. Alors nous avons établi un plan d’actions. Je me suis fixé des micro-défis, dont le premier a été de ne pas aller acheter d’alcool. Je me suis tout de suite sentie soutenue, secondée et comprise. J’ai su que j’allais réussir. Alors j’ai dit à mon mari que j’avais décidé d’arrêter de boire, que j’avais besoin de son aide. Il a sauté sur l’occasion pour arrêter avec moi. Nous avons beaucoup parlé et nous nous sommes avoué être alcooliques.

Aujourd’hui, il peut boire un verre de bon vin de temps en temps avec plaisir, mais cela reste exceptionnel. Pour ma part, je ne bois plus rien d’alcoolisé, j'ai tourné la page complètement. Quel bonheur ! Je me souviens que je pensais devoir lutter à vie contre l'envie. J’ai même pu surmonter un deuil très douloureux sans replonger.

J’ai quelques regrets de m'être gaspillée ainsi, mais quelle fierté de m'être ainsi ouvert de nouveaux horizons, de me refaire une santé, d'avoir repris le sport et d’avoir minci, d'être sûre de moi et de mon discours, sans craindre de dire n'importe quoi sous l'emprise de l'alcool, de m'offrir quelques cadeaux avec les euros économisés...

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Dany (32 ans)

Ne pas être la «bonne poire»

J’ai toujours été timide de nature. A l’école, j’étais victime de nombreuses brimades. J’avais des difficultés à me défendre et je ne trouvais jamais les répliques nécessaires. Lorsque j’ai commencé à travailler au service technique de la commune, je craignais de revivre la même chose. Lorsque des collègues élevaient la voix, j’étais incapable de riposter. Après le travail, nous allions boire un verre et je n’osais, bien évidemment, pas refuser de crainte de passer pour un «benêt». Je n’avais pas l’habitude de boire beaucoup et après deux pintes, je commençais à me sentir plus fort. Deux verres plus tard, j’osais même raconter une blague et contredire une tierce personne. En bref, je me sentais complètement différent. Plus sûr de moi aussi. Consommer de l’alcool après le travail devint une habitude. Au début, j’étais parfois ivre, mais ça diminuait progressivement. Je m’en tirais juste avec une gueule de bois le lendemain.

Au diable l’incertitude

Après quelques temps, j’ai aussi commencé à boire lorsque je me sentais indécis. Cela me permettait de me sentir plus fort, j’osais m’exprimer et je pouvais même devenir grossier. Je buvais quand je me disputais avec mon épouse, quand j’étais en colère sur les enfants, quand j’étais en conflit avec le voisin, quand je devais solliciter un emprunt à la banque, etc. A la longue, à peu près toutes les situations constituaient une raison de boire. Même si j’avais la gueule de bois...

Séparation ?

A la longue, mon épouse finit par me menacer de me quitter parce que j’étais tout le temps ivre. Je bus donc encore davantage. Elle est partie un jour s’installer chez sa sœur avec les enfants parce qu’elle n’en pouvait plus de moi. J’ai été anéanti, je ne savais plus à quel saint me vouer. J’ai menacé, supplié mais elle ne voulait pas revenir tant que je ne réglais pas ce problème de boisson. Si je ne réagissais pas, elle divorcerait.

Recommencer à parler

Je me suis donc rendu avec des pieds de plomb chez le médecin généraliste, car je ne savais pas par où commencer. Il m’a prescrit provisoirement des médicaments pour me permettre de décrocher. Il me proposa d’aller aux réunions des Alcooliques Anonymes. Je n’ai été qu’une seule fois, mais être sobre dans ce style de groupe... j’ai cru que j’allais en mourir. J’ai reçu énormément d’encouragements de leur part (je ne les en remercierai jamais assez), mais je n’ose plus y retourner. J’ai commencé à prendre de l’Antabuse, car je voulais vraiment être quitte du problème. Ensuite, j’ai eu plusieurs entretiens avec mon épouse dans un service de consultation. Nous avons recommencé à discuter et l’atmosphère s’est améliorée à la maison. Je continue à prendre de l’Antabuse. Cela m’aide et rassure mon épouse. Je dois tout de même traiter ce problème de timidité, car j’en souffre encore à l’heure actuelle.

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Simon (26 ans)

Pas de limite

J’aime la vie nocturne et je sors, chaque week-end, avec un groupe d’amis. Nous étions tous capables de boire des quantités impressionnantes, mais il m’arrivait parfois de dépasser les autres. Lorsque j’ai trouvé du travail, je me suis installé seul. Je travaillais dur pendant la semaine et ne buvais pas une goutte. En revanche, je ne me fixais aucune limite pendant le week-end. Boire vingt ou trente pintes en une soirée était devenu normal. Plus d’une fois, j’ai commencé à chercher misère à d’autres personnes. Parfois même avec mes propres amis. Je les ridiculisais et leur adressais toutes sortes de remarques désobligeantes. Généralement, c’étaient eux qui m’apprenaient mes exploits, car je ne me souvenais plus de rien ou si peu. Le pire était que je pensais être encore parfaitement capable de conduire. Conséquence : deux voitures bousillées. C’était ma plus grande crainte, mais je ne me suis jamais fait arrêter par la police. J’étais décidé à boire moins, mais après quelques verres, je perdais manifestement tout contrôle. Quand je suis sobre, je ne peux pas m’imaginer capable de conduire ivre mort et encore moins risquer de nuire aux autres.

Bob

Mes parents ignorant tout de ces accidents, j’ai emprunté la voiture de mon père pour sortir. J’avais la ferme intention de ne pas rouler en ayant bu et je comptais sur mon camarade pour faire le «bob». Lorsque nous avions envie de partir et que j’étais, à nouveau, bien plein, je n’écoutais plus personne et je voulais absolument conduire. J’avais décidé que je roulerais et j'allais rouler. Nous nous disputions dans le groupe et les autres appelaient un taxi. Je partais sur les chapeaux de roue et... je me suis écrasé un kilomètre plus loin contre un arbre, après avoir réussi à éviter un piéton de justesse. J'ai eu peu de séquelles physiques mais, mentalement, je suis complètement perdu. Je fais des cauchemars avec l’image de ce piéton me revient constamment. J’ai joué cartes sur table avec mes parents et avec mon patron. J’ai également contacté un centre. Je devais réagir. Pour l’instant, je ne bois plus d’alcool, je suis même tendu lorsque j’y pense. Apparemment, je deviens quelqu’un d’autre lorsque je bois plusieurs verres et je perds tout contrôle. Je ne veux pas que tout ceci recommence.

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