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Composer avec ses émotions

L'alcool exerce une influence sur votre vie affective. La consommation d'alcool remplit souvent une fonction de contrôle ou de gestion de vos émotions. Par exemple, si vous buvez pour vous détendre, pour avoir plus en confiance en vous ou pour tromper votre ennui.

Maintenant que vous voulez réduire ou arrêter votre consommation d'alcool, cela va aussi provoquer des changements dans votre vie affective. Il est parfois difficile de faire face à toutes ces émotions qui se font jour. Certaines personnes, qui ont bu de grandes quantités sur une longue période, ont l'impression d'être submergées par des émotions quand elles arrêtent de boire. Vous trouverez ci-dessous davantage d'explications et quelques conseils.

L'alcool pour composer avec les émotions

Feelings La consommation d'alcool peut être devenue, avec le temps, une façon de composer avec vos émotions. Par exemple, quand vous ressentiez du stress, lorsque vous étiez fatigué, quand vous vous disputiez avec votre partenaire, quand vous vous ennuyiez, quand vous vous amusiez, quand vous aviez besoin d'inspiration, ou encore quand vous étiez dans le creux de la vague.

Finalement, vous n'aviez plus qu'une seule façon de composer avec vos émotions. En fait, pour les fuir, pour ne pas reconnaître vos émotions, pour ne pas devoir vous y attarder. Si vous avez agi ainsi systématiquement, l'arrêt de la consommation peut vous confronter subitement à des émotions dont vous ne savez absolument que faire.

Et il peut alors être très difficile de ne pas boire.
Mais il est possible d'envisager cette situation de différentes manières :

  • Vous pouvez tout d'abord vous interroger sur ce que vous ressentez. Quelles sont ces émotions que j'éprouve ? Quelle est leur intensité ? Où puis-je les situer dans mon corps ? Qu'est-ce que cette émotion signifie pour vous... Lorsqu'une émotion devient plus claire, vous arrivez alors souvent plus facilement à lui donner une place.
  • Vous pouvez vous mettre à agir comme un robot, c'est-à-dire «penser et ressentir le moins possible, en vous limitant à agir». Vous enchaînez les bricolages, vous rendez visite à plein de gens, vous sortez faire du jogging. Bref, vous restez constamment en activité. En tout cas, les premières semaines. Jusqu'à ce que vous ressentiez qu'il est plus facile d'arrêter ou de réduire votre consommation.
  • Vous alternez les périodes de pause et d'activité continue.

A l'origine, les émotions ont une fonction. La peur est là, par exemple, pour prévenir d'une situation menaçante ; la colère surgit souvent quand on dépasse votre limite...

En fait, il n'y a pas d'émotions «négatives», en ce sens où elles seraient répréhensibles ou mauvaises. Les émotions sont des signaux qui nous disent quelque chose sur nous-mêmes et sur la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les émotions ne sont pas «justes» ou «mauvaises», elles sont ce qu'elles sont.

Ce sont souvent certaines émotions qui vous incitent à boire (en excès), par exemple, quand vous avez le cafard, quand vous vous sentez seul ou bien quand vous êtes frustré. Il peut alors être judicieux d'apprendre à composer différemment avec vos émotions. Pour commencer, vous pouvez convenir avec vous-même de ne pas prendre à boire quand vous éprouvez une émotion de ce genre. Et si vous buvez malgré tout, utilisez vos techniques de «maîtrise de soi» (voir micro-défis et plan d'action).

Comment gérer cette situation ?

Il y a des fois où on ne sait pas vraiment ce que l'on ressent. L'émotion est bien là, vous ressentez une tension, mais vous ne comprenez pas ce qui se passe. Pensez au degré de sérieux avec lequel vous prenez cette tension émergente. Dites-vous, par exemple : «je n'ai aucune raison d'être tendu», «ce sentiment est ridicule», «je dois juste retrouver mon calme». Or, ce stress intérieur peut lui aussi donner l'envie de «prendre juste un verre».

composer avec ses sentiments

Il vaut mieux rechercher un moyen de vous détendre, même provisoire. Vous avez plusieurs possibilités :

  • La décharge physique, par laquelle vous tentez littéralement de décharger la tension éprouvée. Vous pouvez, par exemple, faire du vélo, courir, nager ou pratiquer une autre activité dans laquelle vous fournissez un effort physique. Certaines personnes préfèrent faire des efforts physiques de courte durée mais intenses tout au long de la journée, au lieu de pratiquer une seule activité de longue durée.
  • Une activité qui accapare l'esprit, comme la lecture, le visionnage d'un programme télévisé, l'étude, le dessin ou encore le travail manuel. Certaines personnes arrivent aussi à se décharger en écoutant de la musique, de préférence à haut volume.
  • Certaines personnes se détendent ou se distraient en se livrant à des tâches ménagères ou en travaillant au jardin.
  • Des contacts avec d'autres personnes peuvent aussi être une bonne source de détente. Interagir avec des animaux peut avoir le même effet.
  • Certaines personnes trouvent aussi bénéfique de laisser ces tensions «s'écouler» de l'intérieur au lieu de les extérioriser. Par exemple, au travers de la méditation, d'exercices de détente, du yoga, d'exercices de pleine conscience, etc.

Outre la recherche de détente ou de «décharge», il y a encore plus de choses que vous pouvez faire lorsque vous êtes «empêtré» dans vos émotions :

  • Parfois, il peut être nécessaire d'en parler avec d'autres , même si vous n'en avez pas l'habitude parce que vous supposez peut-être que vous «devez vous débrouiller seul» ou que «ça n'en vaut pas la peine». Vous pouvez aussi téléphoner ou envoyer des e-mails à une personne de confiance. En cas de problèmes émotionnels persistants, vous pouvez faire appel à un thérapeute (médecin, psychologue, etc.).
  • Vous pouvez aussi «donner forme» à vos émotions par le biais d'activités créatives, comme le dessin, la peinture, l'écriture, etc.
  • Vous pouvez également essayer d'acquérir de nouvelles compétences, susceptibles de vous «renforcer». Vous devrez alors vraisemblablement y consacrer plus de temps et vous entraînez régulièrement. Parmi ces activités, citons les exercices de détente, la méditation, l'entraînement à l'affirmation de soi, etc.
  • Le fait d'«extérioriser» sa peine et son chagrin peut aider à les atténuer et à les rendre moins pesants. Il est important de laisser ces émotions s'exprimer de temps en temps, sans les refouler ou les condamner. N'hésitez pas à crier si vous ressentez votre peine et votre chagrin comme un cri de l'intérieur. Criez avec de la musique ou criez, si nécessaire, dans un oreiller si vous ne voulez pas déranger les autres. De même, laissez couler vos larmes si elles vous viennent aux yeux. Et dans le cas où vous autorisez effectivement ces émotions à sortir, faites aussi en sorte de vous trouver dans un environnement «réconfortant». Offrez-vous un peu de chaleur, éventuellement littéralement en prenant un bain ou en vous glissant sous vos couvertures. Ou recherchez la présence d'autres personnes.
  • Dans le cas où vous ressentez depuis longtemps de la colère (réprimée) envers quelqu'un, vous devrez en premier lieu vous confronter à ce sentiment. Même si vous considérez initialement que cette colère n'est peut-être pas justifiée. Ensuite, vous devrez trouver des façons de l'exprimer en toute sécurité, c'est-à-dire sans vous faire violence ou blesser inutilement quelqu'un d'autre. Ecrivez une lettre à la personne concernée (sans l'envoyer), dans laquelle vous exprimez votre colère sans aucune retenue. Criez, en parlant ou pas, devant une photo de cette personne. Déchargez votre colère de façon physique. Une fois que les choses seront devenues plus claires pour vous, il peut être utile de vous entretenir directement avec la personne qui a suscité cette colère en vous.

Eviter l'ennui

L'ennui est un sentiment négatif qui naît couramment lorsqu'on réduit sa consommation ou que l'on arrête de boire. En effet, ce changement de comportement laisse un vide durant le temps libre : on boit moins, on ne rend plus visite pendant un temps à certains amis, etc. Et le fait de se retrouver d'un seul coup sobre à la maison peut faire naître un sentiment de vide intense.

Il peut donc s'avérer important de réfléchir à son temps libre. De fait, un emploi du temps bien organisé et bien rempli est un moyen de défense efficace pour contrer une rechute ! Et les avantages ne manquent pas non plus : on prend du plaisir à faire quelque chose, on se détend, on recharge ses batteries, on noue des contacts sociaux, on s'adonne à sa créativité, on trouve de l'inspiration, on repousse ses limites, on oublie pour un moment ses soucis, …. Il existe toute une palette d'activités possibles (sport, culture, autres loisirs) mais il faut parfois néanmoins prendre des initiatives pour les découvrir. C'est pourquoi, il est conseillé de rechercher activement les possibilités qui existent à proximité.

Parmi les sources d'information, citons  :

  • le journal régional,
  • Internet,
  • un bottin téléphonique ou le guide communal,
  • la bibliothèque,
  • certains livres ou périodiques sur certains loisirs,
  • les affiches,
  • la radio et la télévision,
  • les amis et connaissances, etc.

Pensées facilitantes et bloquantes

Les émotions sont des phénomènes rarement isolés. Elles ont plutôt tendance à se rattacher à d'autres facteurs. On rencontre ainsi une alternance entre :
Situation >< Emotions >< Pensées >< Comportement

  • Ces émotions découlent parfois quasi directement de la situation dans laquelle on se trouve. Mais elles peuvent aussi souvent être fortement influencées par des pensées ou des convictions simultanées.
    • Par exemple : vous faites une erreur au travail ou à l'école et votre patron ou l'enseignant vous fait une remarque.
      Première possibilité : Vous pensez : «j'ai fait une erreur, mais ça arrive à tout le monde». La situation vous ennuie. Vous réparez votre erreur et en discutez ensuite avec les intéressés. Cette affaire appartient dorénavant au passé.
      Deuxième possibilité : Vous pensez : «je suis un raté, il n'y a que moi pour faire une bêtise pareille». Vous vous sentez nul et dépressif. Vous réparez votre erreur mais n'osez revenir sur celle-ci. Vous vous tracassez pendant tout le reste de la journée et pendant la soirée.
  • Les pensées négatives ou bloquantes engendrent des émotions désagréables.
    Les pensées positives ou facilitantes suscitent des émotions positives (ou des sentiments négatifs moins bouleversants). La solution consiste donc à découvrir vos propres pensées bloquantes et rechercher un moyen d'y remédier !
    En savoir plus sur les «pensées facilitantes et bloquantes»
  • Les problèmes émotionnels persistants que l'on peut ressentir sont parfois liés à des pensées bloquantes ou à des convictions bien spécifiques, qui semblent dominer toute votre existence et engendrent à chaque fois des difficultés.
    En savoir plus sur les «erreurs de raisonnement» et les «pensées destructrices»

Voici un lien qui peut vous être utile (uniquement disponible en néerlandais): www.fitinjehoofd.be

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