Infos - Plan d'urgence

Réduire sa consommation ou arrêter de boire est un processus qui se caractérise souvent par une suite de «hauts et de bas». Même si vous vous sentez très motivé pour le moment, il est possible qu'à une occasion, vous buviez plus, voire beaucoup plus, que prévu. Il vaut mieux vous y préparer en mettant d'ores et déjà en place un «plan d'urgence» afin de pallier tout risque de rechute.

noodplan alcohol

Ces «mauvaises passes ou rechutes» peuvent constituer un risque, car vous pourriez penser que :

  • «tout est à nouveau perdu»
  • «je ne fais aucun progrès»
  • «je ferais tout aussi bien de continuer à boire»
  • «c'est bien la preuve que je n'ai aucune volonté»
  • etc.

Une rechute n'est pas nécessairement une catastrophe. Vous pouvez en tirer des leçons pour éviter que cela ne se reproduise. Il est intéressant de réfléchir à l'avance à ce que vous ferez si une autre se produit. Établissez donc un plan d'urgence.
En savoir plus sur les rechutes

Vous pouvez partir du principe que, juste après une rechute, vous aurez des pensées négatives, qui augmenteront encore le risque de prolongation de la rechute. Essayez donc dès à présent de formuler quelques pensées pour contrer ces pensées négatives. Si vous lisez ces pensées facilitantes après une rechute, elles peuvent faire contrepoids. Quelles pensées pouvez-vous avoir ?
En savoir plus sur les «pensées facilitantes»

La rechute

Pourquoi faut-il réfléchir à une possible rechute ? Vous êtes sûrement très motivé et ne pensez absolument pas à boire comme vous le faisiez avant. Mais il faut savoir qu'un changement de comportement constitue, en général, un processus comportant à la fois des échecs et des réussites. Il convient donc d'être réaliste et de tenir compte de possibles rechutes. Une personne avisée en vaut deux.

  • La plupart des gens qui réduisent leur consommation ou arrêtent de boire, ou encore qui changent une autre habitude, sont confrontés à une «rechute». Des habitudes peuvent, en effet, orienter une vie entière.
  • Une mauvaise passe, voire une rechute complète, n'est pas forcément une catastrophe. Ces événements peuvent, au contraire, servir de leçon afin de mieux résister à l'avenir. Ou parvenir à «se reprendre» plus rapidement.
  • Une rechute n'est pas un événement fortuit ! Elle est toujours liée à des causes. Il faut donc essayer de la voir comme une chaîne d'événements, de pensées, de sentiments et de décisions. Les exercices liés à l'analyse de la rechute et au plan d'urgence de ce programme peuvent vous aider à analyser le déroulement de l'incident. Vous pouvez tirer des enseignements de votre rechute !

la rechute

Eviter une rechute

Il est important de comprendre ce qui a précédé une rechute. On peut, en fait, parler d'une «chaîne de la rechute» ; l'idéal est d'interrompre cette chaîne le plus tôt possible. La rechute commence souvent par une décision ou un événement déclencheur qui, sur le moment, paraît anodin. Il faut donc en rechercher les signes avant-coureurs.

Exemples :

  • Vous avez rapporté de l'alcool à la maison «pour le cas où quelqu'un viendrait». Et vous pensez plus tard : «je suis de toute façon seul à la maison, un petit verre ne peut pas me faire de mal».
  • Vous marchez dans la rue et vous tombez «par hasard» sur votre ancien bistrot de quartier. Le patron vous offre un verre que «vous ne pouvez tout de même pas refuser».
  • Vous entrez dans une taverne avec «simplement l'idée de manger un petit bout». Mais vous trouvez que «ce plat doit s'accompagner d'un verre de vin».
  • Il y a quelque chose à «fêter». Vous avez, en effet, terminé une mission avec succès. Vous pensez : «juste un petit pour l'occasion».
  • «Sans même réfléchir», vous vous rendez dans un endroit où vous aviez auparavant l'habitude de rencontrer des amis consommateurs d'alcool. Ces amis offrent une tournée et vous pensez alors «je ne vais quand même pas me ridiculiser devant tout le monde».
  • Il peut vous arriver de boire quelques verres, mais de ne pas pouvoir tenir la limite que vous vous étiez fixée. Vous pouvez alors penser "de toute façon le mal est déjà fait! Cela ne sert plus à rien d'arrêter."
  • Après une soirée bien arrosée, le lendemain, vous vous réveillez avec une gueule de bois et vous culpabilisez. Pour effacer ces deux effets, vous décidez de boire à nouveau quelque chose, tout en pensant «je n'y arriverai pas de toute façon»...

Et pourtant, il est possible de faire autrement :

  • Vous savez qu'il vaut mieux ne pas constituer une réserve importante d'alcool à la maison, car «ça peut être tentant à certains moments». Vous n'aimez pas rester seul à la maison, mais vous avez appris de vos précédentes expériences que «commencer à boire ne résout rien du tout». Vous réfléchissez donc à ce que vous pouvez faire.
  • Vous savez que le patron du bistrot vous offre à chaque fois un verre, puisque vous étiez son meilleur client ! Vous décidez donc de prendre un autre chemin.
  • Vous avez très envie de boire, car vous vous sentez un peu tendu. Vous décidez de ne pas vous rendre dans une taverne, mais d'acheter quelque chose dans une sandwicherie ou de manger à la maison.
  • Vous avez quelque chose à fêter, mais vous décidez de vous acheter un DVD que vous vouliez depuis longtemps.
  • Vos anciens amis vont toujours boire aux mêmes endroits et ont déjà pas mal consommé à cette heure-là. Vous pouvez préparer des phrases vous permettant de refuser un verre lorsqu'il vous en proposeront un.
  • En effet, vous avez bu plus que de raison, mais vous vous dites que «c'est dommage, mais ça ne veut pas dire que tout est perdu». Vous pouvez, par exemple, aller manger quelque chose, puis faire une promenade.
  • Vous vous dites que «vouloir chasser un sentiment douloureux avec de l'alcool ne ferait qu'empirer les choses». Vous téléphonez à un(e) ami(e) pour lui dire ce que vous avez sur le cœur.

Les exemples précédents montrent bien que les pensées ont une grande influence sur nos actes et nos décisions. Même si aucune pensée ne semble entrer en jeu et que la situation semble tout déclencher. Il s'agit, en effet, de pensées «automatiques», dont vous pouvez prendre conscience si vous y êtes attentif.
Avant de commencer votre exercice, informez-vous davantage sur le rôle que peuvent jouer les pensées

Le rôle des pensées

Nos pensées et nos croyances influencent souvent, dans une large mesure, nos actions et nos sentiments. En général, ces pensées ne sont pas conscientes et raisonnées. On parle ainsi plutôt de «pensées automatiques» ou de «croyances inconscientes».

  • Par exemple : Vous vous réveillez effrayé en pleine nuit à cause du bruit d'une fenêtre qui grince ou qui craque. En fait, ce n'est pas le bruit en lui-même qui vous effraie, mais bien le fait de penser «qu'il y a un cambrioleur, la menace d'un danger imminent».

Notre comportement est parfois dominé par des pensées ou des croyances qui sont enfouies depuis des années en nous, sans que nous en ayons conscience. Ainsi, par exemple, le fait de partir du principe (inconscient) que l'on «est un raté» entraîne souvent une dévalorisation de soi et un état dépressif. Vous prenez alors peu d'initiatives pour améliorer votre situation. Le même phénomène peut se produire pour la consommation d'alcool. Cela peut vous paraître «tout à fait naturel» de boire un verre en rentrant à la maison après le travail, l'école ou pour vous détendre. Une pensée est devenue inconsciente, vous n'y «réfléchissez» plus et vous pousse ainsi à boire systématiquement.

Pensées bloquantes

Les pensées bloquantes sont, la plupart du temps, irréalistes, partiales et négatives. Elles vous font voir la réalité de manière tout aussi négative et partiale. Vous laissez de côté d'autres possibilités, plus nuancées ou positives. Les pensées bloquantes contiennent souvent des erreurs de raisonnement. Elles vous empêchent souvent d'atteindre un objectif.

  • Par exemple : Vous essuyez un échec. Mais vous êtes (inconsciemment) convaincu que vous ne valez absolument rien et que vous ne pouvez «jamais» rien faire de bon. Vous êtes souvent angoissé et dépressif. Et chaque revers confirme alors votre croyance, ce qui entraîne un sentiment encore plus négatif. La situation vous semble «catastrophique». Vous ne tenez pas compte de toutes les choses que vous avez faites correctement, vous n'osez plus rien entreprendre.
  • En voici un exemple lié à la consommation d'alcool : Vous pensez (inconsciemment) : «Je DOIS boire un verre pour me détendre». Il s'agit ici d'une pensée bloquante si vous aviez comme objectif de ne pas boire durant cette journée. Cette pensée contient une erreur de raisonnement, car VOUS N'ÊTES EN RIEN OBLIGE DE BOIRE. Et vous n'êtes même pas certain d'être vraiment plus détendu après avoir bu.

Pensées facilitantes

Les pensées facilitantes sont plus réalistes et ne sont pas partiales. Elles présentent une tonalité optimiste et ne contiennent pas d'erreurs de raisonnement. Les pensées facilitantes vous permettent de persister dans vos efforts et d'atteindre vos objectifs.

  • Par exemple : Vous essuyez un échec. Mais vous trouvez que vous «valez quelque chose». Cela ne veut pas dire que vous ne faites alors jamais d'erreurs ou n'essuyez jamais de revers. Vous trouvez cela tout aussi énervant et ennuyeux, mais pas «catastrophique». Vous recherchez une solution.
  • En voici un exemple lié à la consommation d'alcool : Vous êtes tendu, mais vous vous dites : «J'ai envie de boire, mais je ne ressens PAS le BESOIN de boire, même si je suis tendu. Je peux aussi très bien faire une promenade». Votre pensée ne contient alors pas d'erreur de raisonnement et vous recherchez une alternative.

En savoir plus sur les erreurs de raisonnement

Les erreurs de raisonnement

Les erreurs de raisonnement ne sont pas uniquement observables chez les gens «fous» ou «anormaux». Cela peut arriver à tout le monde, y compris chez des personnes très «intelligentes». En réalité, c'est lié, apparemment, à la nature même de l'homme. Ces erreurs agissent parfois comme un «poison latent», car elles échappent souvent à notre conscience.

Les erreurs de raisonnement peuvent jouer un rôle quand on éprouve des sentiments très négatifs, qui s'avèrent disproportionnés par rapport aux événements survenus. Un simple «revers» peut ainsi se transformer en «catastrophe» si l'on fait l'erreur de penser que l'on «n'a JAMAIS le droit de se tromper».

Il existe différentes sortes d'«erreurs de raisonnement». Elles jouent aussi un rôle quand vous éprouvez des difficultés à rompre avec vos habitudes de consommation.

1. Des pensées manichéennes

Vous pensez en termes d'extrêmes et vous utilisez des mots comme : «toujours», «jamais», «horrible», «insupportable», «tout le monde», «partout», «devoir», etc.»

  • Exemples : «Je suis un bon à rien», «tout le monde est toujours contre moi», «personne ne me comprend», «je ne supporte pas les disputes», «c'est horrible d'échouer».
  • Exemples liés à la consommation d'alcool : «Une fois que j'ai commencé, je ne peux plus m'arrêter», «il faut que je boive quand j'ai eu le cafard toute une journée», «je ne peux pas refuser un verre quand mes amis ouvrent une bouteille», «c'est horrible de ne rien avoir à boire à la maison», «tout le monde boit un verre en mangeant», etc.

2. Penser en termes d'obligations

Vous exigez (trop) de vous-même ou des autres, vous pensez beaucoup en termes d'obligations pour vous-même.

  • Exemples : «Je dois toujours me montrer fort», «je n'ai pas le droit à l'erreur»; «je dois me sentir heureux», «je dois être prêt à aider tout le monde», «je dois m'amuser quand je suis avec d'autres personnes», etc.
  • Exemples liés à la consommation d'alcool : «je ne devrais avoir aucun problème avec l'alcool», «si je décide d'arrêter de boire, je dois réussir du premier coup», «je devrais toujours me sentir bien», etc.

3. Généralisations et négativisme

Si quelque chose se passe mal, vous en déduisez qu'il en ira toujours de même. Ou vous considérez un échec comme une preuve que vous êtes voué à tout rater. Vous vous focalisez seulement sur vos échecs, sans voir vos réussites.

  • Exemples : «mon patron m'a fait une remarque : ça veut dire que mon travail ne vaut rien», «j'ai fait une erreur dans cette tâche : c'est un raté complet», «j'ai sûrement gâché la fête parce que j'ai vu quelqu'un me regarder d'un air fâché».
  • Exemples liés à la consommation d'alcool : «Je n'ai pas pu m'abstenir de boire chez mes amis, donc ça n'ira pas non plus chez moi», «C'est sans espoir : j'ai bu deux verres de trop» (au lieu de vous dire que vous avez réussi à boire beaucoup moins qu'avant) , «Aujourd'hui, je n'ai rien bu, mais bon, ce n'est rien d'extraordinaire, tout le monde en est capable, etc.»

4. Le raisonnement émotionnel et les étiquettes

Vous ne faites aucune différence entre votre comportement et vous-même, c'est-à-dire entre vos sentiments et votre identité. Vous vous identifiez aux erreurs que vous faites.

  • Exemples : «je me sens nul, donc je suis nul», «j'ai fait une erreur, donc je suis un imbécile», etc.
  • Exemples liés à la consommation d'alcool : «Je me remets à boire : je suis un bon à rien», «je pense encore à boire : je suis irrécupérable», etc.

5. Imaginer les pensées d'autrui

Vous pensez à la place des autres ou vous «imaginez les pensées d'autrui», et en tirez des conclusions très générales.

  • Exemples : «Ils pensent que je suis un mou si je n'ai pas de courage», «Personne ne veut me parler quand je me sens mal», etc.
  • Exemples liés à la consommation d'alcool : «Ils me trouvent triste si je ne bois pas avec eux», «Mon compagnon va me trouver épouvantable si je lui dis que je suis alcoolique», etc.

Vous pouvez en arriver à vous dévaloriser entièrement à cause de convictions personnelles très négatives à votre égard. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet dans le texte informatif sur les «pensées destructrices»

En savoir plus sur la façon d'éviter les erreurs de raisonnement

Mon programme personnel

Pour traiter vos pensées bloquantes, il est indispensable que vous appreniez à les reconnaître.
Demandez-vous donc ce qui suit :

  • Est-ce que ce que je pense correspond vraiment à la réalité ?
  • Est-ce qu'il est possible d'envisager cette situation sous d'autres angles ?
  • Est-ce que cette pensée m'aide à atteindre un objectif déterminé ? Par exemple, diminuer ma consommation d'alcool ?
  • Est-ce que cette pensée m'aide à me sentir mieux dans ma peau ?

Si vous identifiez des «erreurs de raisonnement» et des «pensées destructrices» récurrentes qui vous sont propres, posez-vous alors les questions suivantes :

  • Est-ce que je réfléchis sans nuances ?
  • Est-ce que j'exige bien trop de moi-même (ou des autres) ?
  • Est-ce que je fais uniquement attention aux aspects négatifs ? Est-il possible de voir la situation sous un autre angle ?
  • Est-ce que je suis occupé à m'imaginer ce que les autres pensent ?

Pour certaines personnes, il est utile de se parler à soi-même ou de se poser des questions. Surtout, si elles prennent conscience qu'une petite voix intérieure leur dit : «Je vais encore boire un verre; de toute façon, ce que je fais n'a aucune importance» (ou quelque chose du même style). Cela peut paraître complètement fou, mais dans le cas cité, elles peuvent se répondre et contre-argumenter. Certaines personnes se parlent même à voix haute quand elles sont seules, mais ça marche aussi quand on le fait en silence.

Grâce à cette méthode, on peut stopper des pensées bloquantes ou bien encore évoluer progressivement vers des pensées facilitantes. On ne doit évidemment s'attendre ni à des résultats immédiats, ni à des résultats à chaque fois. Ce ne serait pas non plus réaliste d'avoir de telles attentes. Cela demande un certain entraînement, surtout si ces pensées bloquantes sont ancrées en nous depuis longtemps.

Si vous faites une «rechute», c.-à-d. que vous buvez beaucoup plus que prévu, il peut être utile d'analyser cet incident. Essayez alors d'identifier les pensées bloquantes qui ont joué un rôle à cet égard, comment vous voulez les changer et ce que vous pouvez faire autrement. Vous pouvez en apprendre davantage ultérieurement à ce sujet lors de la tâche «analyses de la rechute.

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