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Pensées et croyances liées à l’alcool
Lorsque vous avez bu votre premier verre d’alcool, vous ne saviez pas exactement à quoi vous attendre. Mais autour de vous (y compris dans la publicité), on vous a surtout fait miroiter les effets positifs de la boisson. Petit à petit, vous avez commencé à apprécier certains effets : la détente, la bonne humeur et la désinhibition, la facilité à socialiser, le sentiment d’assurance et de confiance en soi, l’oubli de vos soucis, etc.
Après un certain temps, vous avez également appris que la boisson n’avait pas que des avantages. Si vous étiez très tendu(e), l’alcool ne faisait qu’augmenter votre tension. Si vous aviez quelque chose à faire, l’alcool vous le faisait oublier ou sapait votre envie de le faire. La « gueule de bois » du lendemain n’était pas non plus très agréable. Et bien d’autres choses encore. Souvent ce sont ces conséquences négatives qui conduisent les personnes à gérer leur consommation d’alcool en régulant leur comportement.
Lorsque la consommation est trop fréquente et trop importante, les tentatives de régulation, par l’abstinence ou le contrôle de la consommation, n’ont que peu ou pas d’effet. Le comportement est donc surtout déterminé par les pensées qui poussent à boire à nouveau (à l’excès). Des pensées telles que :
- « Un verre ne peut pas faire de mal »,
- « Je l’ai bien mérité aujourd’hui »,
- « Je ne peux pas refuser »,
- « ça va me détendre »...
- Etc...
Ces pensées ont un caractère automatique. Elles ne sont pas le résultat d’un raisonnement conscient, elles traversent votre esprit et... voilà que vous vous servez un verre, vous allez acheter de l’alcool ou vous poussez la porte d’un café.
Ces pensées « automatiques » cachent souvent des attentes sur l’effet que va vous procurer l’alcool. Vous vous attendez à ce que l’alcool vous détende, que la compagnie des autres soit plus joyeuse, que vos problèmes disparaissent et que, d’une manière générale, vous vous sentiez bien ou mieux.
Les attentes « magiques »
Pour les consommateurs « importants », de (trop) grandes quantités et/ou (trop) fréquentes, il arrive souvent que les attentes ne correspondent plus à la réalité. Au début, vous ressentez des effets positifs, mais plus vous avez bu, plus cela change. Voici quelques exemples :
- Vous vous attendez à vous « détendre », mais vous finissez par vous effondrer complètement.
- Vous vous attendez à améliorer votre humeur, mais l’alcool finit par vous rendre agressif, ou apathique.
- Vous vous attendez à ce que l’ambiance soit à la fête, mais une dispute éclate.
- Vous vous attendez à vous relaxer « juste un moment », mais vous êtes « dans le coton » pour le reste de la journée.
- Vous vous attendez à devenir plus « sociable » mais vous n’arrivez plus à vous exprimer, ou vous dites des choses que vous regrettez plus tard.
- Vous vous attendez à oublier vos soucis mais après un temps, ils vous obnubilent encore plus.
Souvent, si vous buvez de façon excessive, l’effet initial, rapide, à court terme est plus souvent retenu que les effets négatifs à moyen ou long terme. Vous continuez donc à penser que l’effet souhaité sera TOUJOURS présent (comme vous l’aviez peut-être ressenti lorsque vous buviez encore normalement), et « oubliez » les effets négatifs.
Un tel phénomène peut également s’observer si vous n’avez pas bu pendant une certaine période. Tout va mieux et vous commencez à imaginer des histoires sur les bons moments d’avant l’abstinence tout en oubliant les conséquences négatives.
Dans ce cas, vos attentes se revêtent d’un caractère « magique ». Vous vous attendez à ce que l’alcool soit toujours LA solution à vos sentiments et émotions désagréables (tension, ennui, tristesse), même si la réalité vous prouve le contraire. Vous vous endormez, vous cherchez la bagarre, vous vous « noyez » dans votre chagrin, vous souffrez d’une puissante « gueule de bois », etc.
Voilà pourquoi nous vous demandons d’utiliser votre journal de bord pour y décrire vos sentiments, vos émotions et vos pensées (notamment vos attentes), et ensuite, l’effet obtenu (la situation au final).
La tendance à surestimer les effets positifs et à ignorer ce qui finit par arriver réellement n’est pas réservée aux gens qui boivent trop. On retrouve des mécanismes très similaires chez les gens qui souffrent d’une dépendance aux drogues, au jeu ou à la nourriture.
Les attentes « magiques » ne sont évidemment pas la seule raison qui pousse à boire. D’autres facteurs personnels et des facteurs de nature biologique et sociale contribuent également au problème. Mais il peut certainement valoir la peine de découvrir la part de responsabilité liée à vos attentes magiques...