À l’heure actuelle, différentes molécules sont testées dans le traitement de l’alcool-dépendance. Aucune d’entre elles n’a pour l’instant obtenu l’autorisation de mise en vente sur le marché (AMM) pour cette indication. D’autres études seront nécessaires pour attester de leur efficacité. Cependant, quelques-unes montrent des perspectives intéressantes. Parmi celles-ci, deux médicaments sont de plus en plus prescrits.
Le Baclofène
Le Baclofène, une molécule autorisée sur le marché depuis 40 ans pour ses propriétés de relaxant musculaire, est testé seulement depuis une dizaine d’années, au cas par cas, dans le traitement de l'alcoolo-dépendance. C’est un médecin cardiologue, Olivier Ameisen, qui raconte dans son livre (publié en 2008), comment l’auto-prescription expérimentale de ce médicament, à fortes doses, lui a permis de supprimer ses envies irrépressibles d'alcool.
La littérature (1) suggère son utilité pour promouvoir l'abstinence et réduire les envies et l'anxiété. En outre, la recherche démontre son efficacité sur le long terme (jusqu’à deux ans) et met en lumière des avantages importants (2). En effet, il est suffisamment bien toléré pour autoriser une prescription en ambulatoire et par les personnes qui souffrent de cirrhoses du foie (de modérée à sévère). Néanmoins, toutes les études conduites sur le sujet ne vont pas dans le même sens et ne montrent pas la même efficacité. De plus, certains auteurs remarquent des effets indésirables, qu’ils définissent comme bénins, mais nombreux et gênants tels qu’une importante fatigue ou de la somnolence, de l’insomnie, des étourdissements et différents types de douleurs.
Actuellement, trop peu d’études contrôlées ont été publiées pour en faire un traitement de première ligne dans la dépendance à l’alcool. Il est nécessaire de mener des recherches supplémentaires afin de préciser pour qui ce médicament serait le plus bénéfique, mais aussi le dosage optimal qui pourrait leur être proposé. A cette fin, deux études sont actuellement réalisées en France et les résultats devraient être connus en 2014 (3).
Enfin, il est important de garder à l’esprit que ces travaux insistent sur le fait que le Baclofène n’est pas un produit miracle. Les patients doivent faire preuve de motivation, bien réagir au traitement, le Baclofène doit être pris régulièrement et être associé à une psychothérapie lorsqu'un rapport compliqué à l’alcool est identifié.
Le Nalméfène
Le Nalméfène se distingue des autres traitements par ses modalités d’utilisation. En effet, ce médicament se prend « à la demande », de manière ponctuelle, lorsque la personne ressent qu’il est susceptible de s’alcooliser de façon plus importante.
Selon certaines études récentes (4), le Nalméfène permet une diminution de la consommation tant au niveau de la quantité que de la fréquence. Les personnes auraient moins envie de boire, et lorsqu’elles le font, ce serait en plus petite quantité.
Si vous souhaitez obtenir plus d’information au sujet d’un traitement pharmacologique de soutien pour réduire ou arrêter votre consommation d'alcool, vous pouvez vous adresser à votre médecin généraliste ou votre psychiatre. Celui-ci peut vous conseiller et vous accompagner dans votre réflexion. Il pourra en outre vous suivre au long cours et intégrer cette problématique dans une prise en charge globale de votre santé.
En conclusion
Les travaux de recherche menés depuis quelques années sur l’identification de nouvelles molécules représentent une source d’espoir pour les personnes dépendantes de l’alcool. Néanmoins, d’autres études contrôlées sont nécessaires pour confirmer l’indication et l’efficacité de ces traitements. A l’heure actuelle, aucune « pilule magique » ne permet de faire disparaitre la dépendance. Les mécanismes qui concourent tant à son origine que son maintien sont bien trop complexes et font intervenir une multitude de facteurs. La plupart du temps, c’est une démarche personnelle et volontaire, soutenue par une réflexion approfondie, qui permet de dénouer ces liens.
(1) Muzyk AJ, Rivelli SK, Gagliardi JP. Defining the role of baclofen for the treatment of alcohol dependence: a systematic review of the evidence. CNS Drugs. 2012 Jan 1;26(1):69-78.
(2) de Beaurepaire R. Suppression of alcohol dependence using baclofen: a 2-year observational study of 100 patients. Front Psychiatry. 2012;3:103.
(4) Mann K, Bladström A, Torup L, Gual A, van den Brink W. Extending the Treatment Options in Alcohol Dependence: A Randomized Controlled Study of As-Needed Nalmefene. Biol Psychiatry. 2012 Dec 10.
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