La « gueule de bois » n’est pas dissuasive

Les symptômes de la « gueule de bois » ressemblent, à un certain degré, à ceux qui sont expérimentés durant le sevrage par des personnes alcoolo-dépendantes : nausées, bouche pâteuse, mal de crâne, perte d’appétit, tremblements, fatigue….. Ces symptômes peuvent être expérimentés dès une consommation relativement limitée d’alcool, voire même pour une consommation exceptionnelle.

Nombreux sont ceux qui l’ont expérimenté et qui ont ensuite juré qu’on ne les y reprendrait plus ! Pourtant,  lors de l’occasion suivante, ce n’est pas le souvenir de ce lendemain de veille difficile qui empêche de boire à nouveau… et de revivre les mêmes symptômes physiques désagréables le lendemain.

Pendant la période des fêtes, la presse généralela presse féminine,  comme la presse spécialiséese sont penchées sur la question de la « gueule de bois » et comment y faire face. Aux lendemains de fêtes, nous vous proposons un résumé de ce qu’en dit la littérature.

Nous aborderons ici l’importance de la quantité consommée sur les symptômes de la gueule de bois et l’impact de cette dernière sur les consommations ultérieures d’alcool. Nous finirions par une question fréquente : « que faire pour éviter la gueule de bois ? ».


1)     La « gueule de bois » ou veisalgie

Veisalgie, c’est le nom scientifique de la communément dénommée « gueule de bois ». Cette dernière appellation très imagée désignait à la base la bouche (« gueule ») pâteuse et sèche (« aussi sèche que du bois ») observée au réveil le lendemain d’une soirée trop arrosée. Désormais entrée dans les mœurs, cette dénomination regroupetous les symptômes qui l’accompagnent.

2)      Importance de la quantité consommée

Les symptômes de la « gueule de bois » semblent être directement liés à la quantité consommée.

En 2015, le Dr Joris Verster (Université d'Utrecht, Pays Bas) a réalisé une étude sur les habitudes de consommation d’alcool de 789 étudiants canadiens. Il met en évidence que "la majorité des étudiants qui ont revendiqué ne jamais subir d'effets secondaires dus à l'alcool avaient tendance à boire beaucoup moins que leurs homologues" [5].

3)      Impact sur les consommations ultérieures

De nombreuses personnes sont persuadées qu’après une gueule de bois, on a tendance à retarder la prochaine consommation ou au contraire, à reboire aussitôtpour se soulager des symptômes. Qu’en est-il vraiment ?

Les études montrent que la réponse apportée aux symptômes de la gueule de bois varie énormément d’une personne à l’autre.

Certaines études montrent des proportions allant jusqu'à 50% de personnes qui boivent pour ne pas subir les symptômes douloureux des lendemains [4], là où d’autres études indiquent que ces symptômes n’auraient que peu d’effets sur la consommation ultérieure (chez les petits consommateurs surtout) [2].

En effet, on ne ressentirait pas tous les effets de la consommation d’alcool de la même manière. Certains perçoivent ces symptômes comme négatifs, tandis que d’autres les perçoivent comme neutres, voire positifs. C’est donc une notion entièrement subjective et les comportements de consommation à la suite d’une gueule de bois sont donc variables d’une personne à l’autre.

Enfin, Damaris J. Rohsenow, un professeur de l'Université Brown (USA) affirme que le plaisir ressenti en buvant l’emporte sur l’effet désagréable de la gueule de bois [2] :

« Les gens qui boivent beaucoup éprouvent généralement des effets agréables en buvant, et c'est ce qui motive la décision de boire beaucoup à nouveau. La douleur de la gueule de bois est temporaire et est perçue comme une nuisance plus qu’une conséquence négative importante."

En conclusion, que ce soit pour éviter un ressenti pénible ou pour revivre une expérience ressentie comme agréable, les comportements des grands comme des petits consommateurs semblent être peu influencés par la gueule de bois.


4)     Existe-t-il des remèdes contre la gueule de bois ?

Les études apportent des résultats peu concluants sur le sujet. A quantités consommées égales, le fait de boire de l’eau, de manger ou de ne rien faire n’aurait pas d’influence sur les symptômes du lendemain. Ce qui aurait un effet, c’est la quantité consommée [5].

Ainsi, à ce jour, il semblerait toujours que le meilleur remède contre la gueule de bois soit la consommation modérée.

 

Notes

[1] European College of Neuropsychopharmacology. (2015) "Can you avoid hangovers after heavy drinking?." ScienceDaily. Online, www.sciencedaily.com/releases/2015/08/150829123815.htm (Page consultée le 28/12/2015).

[2] Epler, J. A., Tomko, R. L., Piasecki, T. M., Wood, P. K., Sher, K. J., Shiffman, S. (2014). Does Hangover Influence the Time to Next Drink? An Investigation Using Ecological Momentary Assessment. Online,  DOI: 10.1111/acer.12386.

 [3] Mallett, K.A., Bachrach, R.L. & Turrisi R. (2008). Are all negative consequences truly negative? Assessing variations among college students' perception of alcohol related consequences. Addiction Behavior, 33(10), 1375-1381. Online, DOI : 10.1016/j.addbeh.2008.06.014.

[4] Hunt-Carter EE, Slutske WS, Piasecki TM. Characteristics and correlates of drinking to relieve hangover in a college sample. Alcohol Clinical Exp Res. 2005;29 (Suppl s1):152A.

[5] Verster, J.C. & Penning, R. (2010). Treatment and prevention of alcohol hangover. Current drug abuse reviews, 3 (2), (pp. 103-9)

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