16 nov 2015

Vais-je ressentir des symptômes de sevrage si j’arrête de boire ?

Catégorie: Accompagnement Auteur: Equipe www.aide-alcool.be 0 commentaire

  • Avant-propos

« Madame Y. consomme 3 bières, chaque soir avant d’aller se coucher, depuis 15 ans. Celles-ci l’aident à se détendre et surtout à trouver le sommeil. »

« Monsieur Z. ne boit que lors des grandes occasions, mais systématiquement 1 à 2 bouteilles d’alcool fort. »

« Mademoiselle B. est étudiante et s’alcoolise très fortement en semaine, lors de soirées étudiantes. Cependant, le week-end, lorsqu’elle est de retour chez ses parents, elle ne boit pas une goutte d’alcool. »

Ces trois personnes décident d’arrêter de manière brutale leur consommation d’alcool. « À partir de ce soir, plus une seule goutte ! ». Laquelle prend un risque pour sa santé en agissant de la sorte ?

  • Etat actuel des connaissances sur le sujet   

Il serait bien tentant de vouloir être en mesure de donner une réponse toute faite à cette question. Pourtant, jusqu’à présent, aucun facteur précis n’a pu être mis en évidence. Par exemple, une revue de la littérature (Thiercelin et collègues, 2012[1] ) s’est penchée sur les facteurs de risque influençant la survenue d’un Délirium Tremens. Sur les vingt-et-unes études reprises dans cette méta-analyse, les facteurs de risques relevés restent encore fort discutés et seules deux études étaient prospectives (les participants y sont suivis au cours du temps).

  • Différents types de symptômes de sevrage  

Il faut savoir que les symptômes de sevrage peuvent être physiquescomportementaux ou psychiques.

  • 1) Sur le plan des symptômes physiques

Ceux-ci apparaissent généralement de manière graduée, que ce soit immédiatement après l’arrêt de la consommation ou de façon différée (et ce, jusqu’à 10 jours après l’arrêt de la consommation). Ils peuvent aussi bien survenir suite à une consommation occasionnelle mais excessive que suite à une consommation importante de longue durée. Il est donc possible de ressentir certains symptômes de sevrage après une seule soirée un peu trop arrosée. Ce sont des symptômes bien connus, qui surviennent même chez des personnes qui ne présentent habituellement pas une dépendance physique à l’alcool : C’est la fameuse gueule de bois !

Il faut noter que les symptômes physiques de sevrage pourront être de type neurovégétatifs (sueurs, tremblements, tachycardie, etc.) et/ou digestifs (anorexie, nausées, vomissements, etc.) (SFA, 2015[2] ). De plus, ils varient fortement d’une personne à l’autre. C’est la raison pour laquelle ils doivent faire l’objet d’une évaluation par un professionnel de la santé, qui pourra prendre en compte l’état de santé global de la personne.

Le temps passant, les symptômes physiques peuvent soit :

  1. se réduire spontanément
  2. s’amplifier (les mêmes symptômes deviennent plus importants)
  3. se compliquer (hallucinations, convulsions). Ces complications sont potentiellement graves et dangereuses. Dans ce cas, prenez contact au plus vite avec votre médecin.

Ces symptômes physiques désagréables et parfois risqués sur le plan de la santé participent au maintien de la dépendance à l’alcool : en effet, il n’est pas rare que la personne re-consomme de l’alcool pour se soustraire à ces sensations physiques pénibles. Toutefois, ceux-ci sont globalement résolus sur un mois d’abstinence.

Il est impossible de prédire, pour les personnes citées en début d’article, laquelle risquerait de ressentir des symptômes de sevrage sévères. D’ailleurs, jusqu’à présent, aucune étude n’a permis de mettre en évidence la consommation minimale requise pour produire une dépendance physique (Haber, 2009[3] ).

Toutefois, le guide de bonnes pratiques établi en 2009 par Haber et ses collègues pour le département de la santé et du vieillissement du gouvernement Australien a relevé que les risques de complications seraient plus importants en fonction : 

  • Des habitudes actuelles de consommation. Les personnes ayant une consommation d’alcool chronique et massive (par exemple, 150g/jour), seraient plus à risque de présenter des symptômes de sevrage sévères. Toutefois, des personnes consommant de plus faibles niveaux d’alcool (par exemple  80g/jour) peuvent également expérimenter des complications de sevrage.
  • L’apparition de symptômes de manque au réveil (tremblements, nausées, anxiété).
  • Des antécédents de syndrômes de sevrage sévères (tels qu’une anxiété sévère, des hallucinations, etc.) 
  • La consommation régulière d’autres substances (benzodiazépines, stimulants, opiacés)
  • La présence de comorbidités psychiatriques (anxiété, psychose, dépression) oumédicales (épilepsie, maladies hépatiques sévères, maux de tête, etc.). 
  • 2) Sur le plan des symptômes comportementaux

Il est possible de regrouper sous cette catégorie les conduites à risque pour se procurer la substance, l’irritabilitéou encore les associations automatiques qui sont faites par la personne (par exemple « aller au café et boire de l’alcool » ou « fumer une cigarette et boire de l’alcool), etc. Ces symptômes, même s’ils sont moins délétères pour la santé de l’individu vont également participer au maintien de la dépendance, à nouveau, au travers d’un cercle vicieux (ils vont favoriser le recours à l’alcool et l’alcool va renforcer ces premiers).

  • 3) Sur le plan des symptômes psychiques

On peut noter des facteurs plus subjectifs tels que les ruminations, l’anxiété, les troubles de l’humeur, les pensées bloquantes, l'envie de boire, etc. Ceux-ci sont bien plus difficiles à désamorcer que les symptômes physiques etentretiennent également la dépendance à l'alcool. En effet, le découragement suscité par le fait de ne pas parvenir à arrêter de boire, le fait de penser régulièrement si ce n’est constamment à boire ou d’employer cette stratégie pour éviter de ressentir certaines émotions ou pensées désagréables, vont jouer un rôle important de maintien de la dépendance.

  • Réactions en chaîne

Les différents types de symptômes de sevrage vont jouer un effet pervers entre eux puisqu’ils vont s’alimenter les uns les autres : dans un premier temps, la personne boit pour éviter de ressentir des symptômes physiques de sevrage et, par la suite, elle continue à boire car elle se décourage de ne pas parvenir à arrêter de boire. D'où l'importance de pouvoir les prendre en charge de manière pluridisciplinaire (soutien médical pour les symptômes physiques et psychologique pour ceux d'ordre psychiques et comportementaux).

  • Que faire si vous ressentez des symptômes de sevrage ?

Si vous ressentez des symptômes de sevrage, vous pouvez recourir à des interventions multiples et graduées en fonction de votre état de santé, de vos besoins, de vos objectifs et de votre choix de soins. Cela nécessite que vous puissiez vous sentir suffisamment informé afin de pouvoir vous y préparer dans de bonnes conditions (choix du moment de sevrage, anticipation d’éventuels symptômes, etc.) De plus, il n’est pas recommandé de tout arrêter en même temps (alcool, tabac, médicaments, etc.) au risque de sur-ajouter des difficultés.

Vous trouverez ci-dessous quelques conseils qui pourront faciliter votre démarche d'abstinence ou de réduction de votre consommation :

  • a) Lorsque vous décidez d’entamer un sevrage physique, renseignez-vous à propos des possibilités d’arrêt de travail. Ne restez pas seul et ne prenez pas le volant.
  • b) Parlez de la prise en charge médicale avec votre médecin. Celui-ci pourra à la fois vous conseiller à propos des traitements existants pour contrer les symptômes de sevrage, mais également ceux pour éviter les symptômes associés.
  • c) Choisissez l’accompagnement qui vous convient le mieux (sevrage ambulatoire ou résidentiel, accompagnement psychologique en face à face ou en ligne). L'accompagnement psychologique vous permettra d'être soutenu dans la durée, bien après la dissipation des effets physiques du sevrage.
  • d) En cas d’urgence : faites appel aux services d’urgences générales ou psychiatriques, aux services de secours (112), ou encore à votre médecin de famille.
  • Autres informations sur le sevrage et les médications existantes :

http://www.aide-alcool.be/traitement-de-soutien
http://www.aide-alcool.be/symptomes-de-sevrage
http://www.aide-alcool.be/consommation-problematique-arreter

  • Vous souhaitez arrêter de boire ou réduire votre consommation ?

- En toute autonomie : www.aide-alcool.be/selfhelp
- Accompagné d’un psychologue de l’équipe aide-alcool : www.aide-alcool.be/accompagnement

 

 


 [1]Thiercelin, N., Lechevallier, Z. R., Rusch, E., & Plat, A. (2012). Facteurs de risque du delirium tremens: revue de la littérature. La Revue de médecine interne33(1), 18-22.

 [2]Société Française d’Alcoologie (2006). Evaluation des pratiques professionnelles en alcoologie. [En ligne] http://www.sfalcoologie.asso.fr/download/Svg_simple.pdf, Page consultée le 16 novembre 2015.

 [3]Haber, P. (2009). Guidelines for the treatment of alcohol problems. Canberra : Department of Health and Ageing. http://www.drugsandalcohol.ie/20201/1/Gudelines_for_treatment_of_alcohol_problems.pdf. Concernant les risques de complication, se référer à la page 51.

 

 

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02 déc 2014

Comment faire quand un proche boit trop ?

Catégorie: Accompagnement Auteur: Equipe aide-alcool.be 20 commentaires

Aide Famille


Que ce soit par l’intermédiaire de notre forum d’échange ou bien en nous contactant directement, vous êtes très nombreux à témoigner de la difficulté d’être confronté à la consommation excessive d’un proche. Les situations sont variées, mais toutes se rejoignent dans les sentiments partagés : l’incompréhension, la douleur, l’inquiétude, les regrets, parfois la colère…mais aussi l’envie d’aider, d’être présent, de soutenir et d’agir… sans savoir par où commencer.

Amis, parents, enfants, comment faire quand un proche boit trop ? 

Voici quelques pistes ou suggestions :

1) En parler…quand les conditions le permettent 

Pour évoquer le problème avec un proche alcoolique, il est important de trouver le moment approprié. En état d’ivresse, une personne n’est plus capable d’entendre ou de recevoir ce que vous voulez lui dire. Cela ne pourrait faire naître que de la frustration en vous et du découragement.

Essayez d'éviter les reproches ou de vouloir le convaincre de changer. Cela ne déboucherait que sur une dispute. Il est plus constructif d'essayer de mettre sur la table ce que vous ressentez et les conséquences de la consommation à votre niveau. En d'autres termes, les inconvénients que vous rencontrez en raison de la consommation de votre proche. Pour cela, formulez vos ressentis en commençant votre phrase par « je » (ce que vous ressentez) plutôt que par « tu », ce qui aboutirait probablement, sans le vouloir, à une forme de reproche.

2) Enoncer clairement les inconvénients que la consommation excessive d’alcool a pour vous

Essayez d'être clair quand vous éprouvez des inconvénients de la consommation excessive d'alcool. Par exemple, des rendez-vous qui n'ont pas été respectés, des disputes, etc... La personne qui boit en viendra probablement tôt ou tard à se représenter pour elle-même les inconvénients de sa consommation, ce qui peut déclencher une volonté de changement.

3) Eviter dans la mesure du possible de masquer les conséquences

Dans la mesure du possible, essayez de ne pas résoudre, ou le moins possible, les problèmes qui sont une conséquence directe de la consommation d'alcool de votre ami ou connaissance. Il est possible que vous l'ayez déjà fait à plusieurs reprises, avec de bonnes intentions. Cependant, le fait d'agir ainsi de manière systématique n'aide pas vraiment la personne à reconsidérer sa consommation. En effet, cette dernière ne se rend alors que très peu compte des conséquences négatives liées à sa consommation d’alcool, puisqu’en voulant bien faire, vous résolvez finalement ses problèmes à sa place.

Ce n'est qu'après avoir pesé le pour et le contre que naîtra la décision de changer de comportement. Si vous éliminez la plupart des inconvénients, cela ne peut pas faire émerger une motivation pour changer des habitudes de consommation. Gardez à l’esprit que vous ne pouvez pas résoudre le problème à la place de la personne concernée. La décision d’arrêter de boire ne peut venir que d’elle-même.

4) Chercher du soutien, ne pas rester seul dans la situation

Bien souvent, les proches des personnes consommatrices vivent l’alcoolisme avec honte et impuissance. Ces sentiments douloureux sont à l’origine d’une sensation d’isolement et d’enfermement. Il devient alors très important d’éviter de rester seul dans cette situation. En parler avec une personne de confiance peut aider à définir quelle pourrait être la meilleure attitude possible, et d’identifier les ressources, les soutiens disponibles autour de vous.

Cette personne de confiance peut être un autre membre de la famille, un ami, quelqu’un de proche de vous. Il peut s’agir, en outre, d’un professionnel compétent pour vous aider :

  • Votre médecin traitant peut vous accompagner et vous orienter vers une aide spécialisée dans votre région.
  • Un psychologue ou un psychiatre (en privé ou dans un centre de guidance) permet d’échanger à ce propos et d’identifier vos propres limites à ne pas dépasser pour votre propre bien-être et de voir dans quelle mesure vous pouvez être aidant, à votre niveau.
  • Des structures spécialisées proposent un accompagnement psychologique spécifique pour les proches de personnes alcooliques. De telles structures peuvent être identifiées au sein du répertoire d’adresses sur IDA Web.
  • Il existe en outre des lieux solidarité, des groupes d’entraide tels  :
    - Groupes Al-Anon (adultes)
    - Groupe Alateen (enfants ou adolescents) + chat en ligne (2è et 4è lundi du mois) de 13 à 18 ans, dans l’anonymat
    - Groupes Vie Libre
    - Gepta (groupes d’entraide pour les parents et les proches de personnes toxicomanes et alcooliques) 

5) En cas d’extrême urgence

En dernier recours, dans une situation où le comportement de la personne alcoolique entraîne une mise en danger d’elle-même ou pour les autres, faites appel aux services de secours. 


Pour en savoir plus

Informations pour les parents et la famille

Informations pour les partenaires

Informations pour les amis

GEPTA  - Quand l'entourage accompagne les professionnels dans le domaine des assuétudes

Article "Le co-alcoolisme : un enfer pavé de bonnes intentions" Revue Equilibre, 2008

 

22 mar 2013

Lancement d’un nouveau site d’aide en ligne pour les joueurs excessifs

Catégorie: Accompagnement Auteur: Equipe aide-alcool.be 1 commentaire

Un site d’aide en ligne bilingue et gratuit vient d’être lancé pour toutes les personnes souffrant d’une dépendance aux jeux de hasard et d’argent.

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31 déc 2012

Bonne et heureuse année 2013

Catégorie: Nouvelles Auteur: Equipe aide-alcool.be 0 commentaire

L’année 2012 s’achève et toute l’équipe d’aide-alcool est particulièrement heureuse et fière de vous présenter le bilan de ses premiers mois de fonctionnement.

La mise en ligne du site internet s’est faite de façon progressive au cours de cette année. La partie « Information & auto-évaluation » a vu le jour au mois d’août, suivie de la partie « self-Help en ligne» en octobre et de la partie « accompagnement en ligne » début novembre.

Depuis le 1er septembre jusqu’à ce jour, www.aide-alcool.be a comptabilisé plus de 12 000 visiteurs (dont environ 8000 visiteurs uniques) répartis sur l’ensemble des provinces, de Bruxelles à la Wallonie. Les inscriptions au programme d’accompagnement ont été nombreuses, 112 inscriptions au selfhelp, et 59 inscriptions pour l’accompagnement individuel personnalisé. Parmi les participants de l’accompagnement en ligne, une partie n’avait jamais bénéficié d’une aide particulière.

Nous avons été en outre heureux de constater l’implication des participants du programme au sein de leur forum réservé. Ils se sont toujours montrés respectueux, solidaires et mutuellement soutenants.

La présence d’aide-alcool a été valorisée par différents moyens, que ce soit par la diffusion de documents promotionnels et d’information, la présentation du projet dans différentes instances du secteur médico-social et auprès de nos partenaires, ou dans le cadre d’une campagne publicitaire dans les transports en commun. Elle a été également relayée par la presse, écrite et radio, et partagée à de nombreuses reprises par l’intermédiaire des réseaux sociaux.

Afin de répondre aux nombreuses demandes, notre équipe a été renforcée dès le mois de décembre, et comptera désormais 4 thérapeutes psychologues (2 équivalents-temps plein), dont le temps de travail se répartira sur différentes plages horaires, en journée et en soirée, afin d’être le plus large possible quant aux disponibilités.

Le renouvellement de notre financement nous permet d’envisager sereinement l’année 2013 et de poursuivre le travail qui a été entamé, en proposant une offre de soin nouvelle, complémentaire et totalement gratuite pour ses participants. Le travail de construction et d’élaboration du site se poursuivra avec la mise à jour et l’ajout de nouveaux contenus, la mise en ligne d’actualités régulières en rapport avec l’alcool ou l’aide en ligne en général, et la rédaction d’une newsletter.

Nous espérons que toutes les personnes, consommatrices ou non, qui visitent www.aide-alcool.be trouvent l’information, l’aide et le soutien qu’elles recherchent.

Nous vous souhaitons une bonne et heureuse nouvelle année, ainsi qu'à tous vos proches. Que celle-ci apporte la réalisation de vos projets les plus chers !

L’équipe d’aide alcool

 

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