Etat des lieux des consommations auprès des jeunes belges

Alcool chez les jeunesLe rapport (2015) d’Eurotox sur l’usage des drogues en Wallonie et à Bruxelles met en avant l’ancrage de la consommation d’alcool dans les mœurs des jeunes belges.

D’après l’enquête HBSC de 2010 [1], 26% des jeunes de 10 à 18 ans en Wallonie et 15% des jeunes de 10 à 18 ans à Bruxelles, déclarent avoir été ivres plus d’une fois au cours de leur vie. Ces chiffres sont à prendre en considération, car des consommations excessives précoces d’alcool peuvent avoir des effets délétères sur le développement, notamment en raison du fait que certaines régions cérébrales ne terminent leur maturation qu’en fin d’adolescence.

Toujours d’après Eurotox (2015) [2], l’expérimentation des conduites d’alcoolisation est plus précoce que par le passé, et ce, autant pour les garçons que pour les filles.

Par exemple, 85 % des jeunes de 12-20 ans, scolarisés en Wallonie et à Bruxelles, ont déjà consommé une boisson alcoolisée.

Par contre, les problèmes de surconsommation (comme le binge-drinking) surviennent davantage chez des garçons de 15 ans et plus, essentiellement dans des contextes festifs. 10 % des jeunes hommes de 15 à 24 ans connaissent ou ont déjà connu des problèmes liés à leur consommation d'alcool. Et dans ce groupe, la proportion de buveurs quotidiens est presque de 5 %.

La « Déclaration de politique régionale 2014-2019 » insiste sur le soutien aux initiatives de réduction des risques et, par conséquent, au sujet des usages problématiques de l’alcool chez les jeunes. [3]

Toutefois, les consommations des jeunes se différencient de celles des adultes : rares sont les jeunes qui consomment de manière quotidienne, au contraire de leurs aînés (2,5% des 12-20 ans contre 10% de la population adulte) [2].

Aussi, ces conduites de consommation sont à relativiser et à placer dans un contexte particulier : celui de l’adolescence.

Spécificités de l’adolescence

L’adolescence est par définition la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte. C’est une période de remaniements physiques et psychologiques au sein de laquelle les adolescents veulent se différencier des plus jeunes, mais aussi du groupe d’appartenance de leurs parents. Ils s’affirment, remettent en question les limites établies et s’affilient généralement à leurs groupes de pairs.

La période de l’adolescence est connue pour être une période d’expérimentation, de prise de risques. À ce sujet, les consommations d’alcool et d’autres produits n’échappent pas à la règle.

Ces particularités de l’adolescence sont liées au travail « de la crise » (crise pubertaire, identitaire, pulsionnelle) qui émerge chez le sujet adolescent. Quelque chose fait crise pour le sujet et un travail psychique s’élabore autour de la question des limites, des transgressions, de l’identité, de l’appartenance, etc. [4]

Chez les adolescents et les jeunes adultes, ce sont davantage les comportements sous l’influence de l’abus d’alcool qui sont les plus préoccupants (conduite d’un véhicule, rapports sexuels non protégés, bagarres, etc.).

Aussi, des consommations abusives à l’adolescence ne donneront pas nécessairement lieu à des conduites de dépendance à l’âge adulte. Il faut sur ce point distinguer les conduites expérimentales des conduites de consommation qui risquent de s’ancrer dans les habitudes de l’individu (par exemple, un comportement systématique pour répondre à l’ennui, la recherche de sensations, l’évitement émotionnel, etc.)

Néanmoins, même si beaucoup de jeunes ne rencontrent pas de problèmes dans leur consommation d’alcool et font plutôt preuve de bon sens, il reste nécessaire d’investir dans des stratégies qui leur proposent un cadre structurant et les aident à découvrir des repères et des valeurs leur permettant de gérer leurs consommations et de mieux appréhender les différents enjeux en présence (pression publicitaire et stratégies des alcooliers, comportement à l’égard des pairs, messages et exemples parentaux, etc.).

Les jeunes et l'alcool : prendre sa place en tant que parent ou professionnel...

Que ce soit en tant que parent ou en tant que professionnel, souvent, les consommations d’alcool questionnent. Pour répondre à ces questionnements, différentes associations et fédérations ont compilé les informations importantes sous forme de brochures ou de documents :

1)   Pour les parents  

En Belgique, plusieurs initiatives ont également vu le jour : le site « Jeunes et alcool » répond aux questions des enseignants, parents, médecins, éducateurs, chefs scouts, etc. L'objectif est d’informer et d’outiller sur la thématique "alcool", en apportant une vision globale et nuancée sur ces questions.

En France, la fédération Addiction propose un document à l’intention des parents d’adolescents. Ce document propose des balises pour une question fréquemment posée : « comment gérer la consommation des adolescents, quelles règles suivre ? »

2)   Pour les professionnels  

Le Groupement Romand d’Etude des Addictions propose un document réalisé à l’attention des professionnels qui sont confrontés à la problématique des addictions chez les adolescents.

3)   Pour les jeunes  

En tant que jeune, il peut arriver un moment où l’on souhaite se poser et faire le bilan de ses consommations. Pour ce faire, le site « Stop ou encore ? » propose de se tester de manière autonome et anonyme.

Pour les plus jeunes : http://www.jarretequandjeveux.org/fr/accueil

Le site www.aide-alcool.be est également de plus en plus ciblé par les jeunes adultes. Ils y trouvent un suivi anonyme, gratuit, parfois en complément d’un autre accompagnement. Le programme d’aide en ligne avec un psychologue est réservé aux belges. Les étrangers peuvent également trouver des ressources via le programme en Selfhelp.

Vers quelles structures se tourner lorsqu'on se sent dépassé

Différentes structures existent pour rencontrer des professionnels spécialisés dans le domaine des assuétudes et de l’adolescence. Pour simplement poser vos questions ou trouver un soutien plus conséquent dans le cas de consommations à risque chez un jeune :

Des lieux de consultation prioritaires pour les jeunes et leur entourage :

Des lieux d’écoute :

  • Tel 103 pour les jeunes, écoute anonyme et gratuite pour poser tes questions, être écouté sans jugement
  • Tel 107 pour les parents, écoute anonyme et gratuite, sans jugement.
  • Infor-Drogue (permanence téléphonique anonyme au 02/227.52.52)

Des forums d’échanges pour les jeunes (toutes thématiques) :

  • http://www.parolesdados.be/ : un forum d’échange entre jeunes, des questions-réponses à poser à des professionnels, des sondages et des dossiers explicatifs à propos de thématiques adolescentes.
  • http://www.passado.be/ : un forum de discussion et différentes pages pour se détendre (écouter de la musique, lire, découvrir des initiatives artistiques par ou pour les jeunes), un relai vers une structure d’aide spécialisée à Bruxelles.

Des professionnels de première ligne :

  • les psychologues
  • le PMS de ton école
  • etc.

Informations pour aller plus loin

Sur le site d’aide-alcool :

Références :

[1] Health Behavior in School-aged Children (2010). Enquête sur les consommations problématiques d’alcool chez les jeunes. [En ligne], page consultée le 29-03-2016.

[2] Eurotox, 2015. Rapport sur l’usage des drogues en Wallonie et à Bruxelles.

[3] Région Wallonne, Déclaration de Politique Régionale 2014-2019. [En ligne], page consultée le 01 mars 2016.

[4] Le Breton, D. (2014). Adolescence et conduites à risque. Yapaka, éditions Fabert.