Que ce soit par l’intermédiaire de notre forum d’échange ou bien en nous contactant directement, vous êtes très nombreux à témoigner de la difficulté d’être confronté à la consommation excessive d’un proche. Les situations sont variées, mais toutes se rejoignent dans les sentiments partagés : l’incompréhension, la douleur, l’inquiétude, les regrets, parfois la colère…mais aussi l’envie d’aider, d’être présent, de soutenir et d’agir… sans savoir par où commencer.
Amis, parents, enfants, comment faire quand un proche boit trop ?
Voici quelques pistes ou suggestions :
1) En parler…quand les conditions le permettent
Pour évoquer le problème avec un proche alcoolique, il est important de trouver le moment approprié. En état d’ivresse, une personne n’est plus capable d’entendre ou de recevoir ce que vous voulez lui dire. Cela ne pourrait faire naître que de la frustration en vous et du découragement.
Essayez d'éviter les reproches ou de vouloir le convaincre de changer. Cela ne déboucherait que sur une dispute. Il est plus constructif d'essayer de mettre sur la table ce que vous ressentez et les conséquences de la consommation à votre niveau. En d'autres termes, les inconvénients que vous rencontrez en raison de la consommation de votre proche. Pour cela, formulez vos ressentis en commençant votre phrase par « je » (ce que vous ressentez) plutôt que par « tu », ce qui aboutirait probablement, sans le vouloir, à une forme de reproche.
2) Enoncer clairement les inconvénients que la consommation excessive d’alcool a pour vous
Essayez d'être clair quand vous éprouvez des inconvénients de la consommation excessive d'alcool. Par exemple, des rendez-vous qui n'ont pas été respectés, des disputes, etc... La personne qui boit en viendra probablement tôt ou tard à se représenter pour elle-même les inconvénients de sa consommation, ce qui peut déclencher une volonté de changement.
3) Eviter dans la mesure du possible de masquer les conséquences
Dans la mesure du possible, essayez de ne pas résoudre, ou le moins possible, les problèmes qui sont une conséquence directe de la consommation d'alcool de votre ami ou connaissance. Il est possible que vous l'ayez déjà fait à plusieurs reprises, avec de bonnes intentions. Cependant, le fait d'agir ainsi de manière systématique n'aide pas vraiment la personne à reconsidérer sa consommation. En effet, cette dernière ne se rend alors que très peu compte des conséquences négatives liées à sa consommation d’alcool, puisqu’en voulant bien faire, vous résolvez finalement ses problèmes à sa place.
Ce n'est qu'après avoir pesé le pour et le contre que naîtra la décision de changer de comportement. Si vous éliminez la plupart des inconvénients, cela ne peut pas faire émerger une motivation pour changer des habitudes de consommation. Gardez à l’esprit que vous ne pouvez pas résoudre le problème à la place de la personne concernée. La décision d’arrêter de boire ne peut venir que d’elle-même.
4) Chercher du soutien, ne pas rester seul dans la situation
Bien souvent, les proches des personnes consommatrices vivent l’alcoolisme avec honte et impuissance. Ces sentiments douloureux sont à l’origine d’une sensation d’isolement et d’enfermement. Il devient alors très important d’éviter de rester seul dans cette situation. En parler avec une personne de confiance peut aider à définir quelle pourrait être la meilleure attitude possible, et d’identifier les ressources, les soutiens disponibles autour de vous.
Cette personne de confiance peut être un autre membre de la famille, un ami, quelqu’un de proche de vous. Il peut s’agir, en outre, d’un professionnel compétent pour vous aider :
- Votre médecin traitant peut vous accompagner et vous orienter vers une aide spécialisée dans votre région.
- Un psychologue ou un psychiatre (en privé ou dans un centre de guidance) permet d’échanger à ce propos et d’identifier vos propres limites à ne pas dépasser pour votre propre bien-être et de voir dans quelle mesure vous pouvez être aidant, à votre niveau.
- Des structures spécialisées proposent un accompagnement psychologique spécifique pour les proches de personnes alcooliques. De telles structures peuvent être identifiées au sein du répertoire d’adresses sur IDA Web.
- Il existe en outre des lieux solidarité, des groupes d’entraide tels :
- Groupes Al-Anon (adultes)
- Groupe Alateen (enfants ou adolescents) + chat en ligne (2è et 4è lundi du mois) de 13 à 18 ans, dans l’anonymat
- Groupes Vie Libre
- Gepta (groupes d’entraide pour les parents et les proches de personnes toxicomanes et alcooliques)
5) En cas d’extrême urgence
En dernier recours, dans une situation où le comportement de la personne alcoolique entraîne une mise en danger d’elle-même ou pour les autres, faites appel aux services de secours.
Pour en savoir plus
Informations pour les parents et la famille
Informations pour les partenaires
GEPTA - Quand l'entourage accompagne les professionnels dans le domaine des assuétudes
Article "Le co-alcoolisme : un enfer pavé de bonnes intentions" Revue Equilibre, 2008